Sophie Boissard

Cette rubrique reflète la diversité de pensée des normaliens. L’a-Ulm ne cautionne en aucun cas les opinions émises par les interviewés.


Sophie BOMBOIS-BOISSARD  (1989 l) travaille à la Direction Générale Déléguée de la SNCF, où elle est en charge de la Stratégie et du Développement.



Propos recueillis par Jean-Paul Hermann

J.-P. H. : Sur l’annuaire, je vois qu’à l’ENS, vous avez suivi un parcours devenu classique : licence d’allemand, DEA d’histoire, puis Sciences Po, ENA, mais pas l’agrégation. Quand avez-vous pris la décision de faire l’ENA et pourquoi ?

Sophie Boissard : Au cours de mes deux premières années à Ulm, je me suis rendu compte que je n'étais sans doute pas faite pour une carrière d'enseignant chercheur, avec la dimension contemplative et solitaire que peut revêtir le travail de recherche en histoire. J'ai donc opté pour une voie qui m'offrait des perspectives de carrière plus active, au service de l'Etat. Ceci étant, en choisissant, à ma sortie de l'ENA, le Conseil d'Etat, j'ai retrouvé, pendant la première phase de ma vie professionnelle, une forme d'activité intellectuelle qui n'était pas très éloignée de ce que j'avais connu, et apprécié, à l'ENS.

 J.-P. H. : Au cours d’un long parcours d’études comme le vôtre, a-t-on à un moment le sentiment que « les études, ça suffit » ?

Sophie Boissard : J'ai eu la chance, inestimable, de faire des études qui m'ont passionnée, tant sur le plan intellectuel qu'humain, avec une mention spéciale pour les années d'hypokhâgne et khâgne, qui restent aujourd'hui encore une période structurante pour moi, le tout dans des conditions privilégiées sur le plan matériel. A aucun moment je n'ai eu le sentiment de m'ennuyer ou de perdre mon temps, cela aurait été de l'ingratitude! Je ne peux qu'inviter mes jeunes condisciples à profiter au maximum de ce temps de construction et de liberté dans les conditions exceptionnelles que leur offre l'École.

 J.-P. H. : Dans une entreprise comme la vôtre, qui est assez technique, que peut apporter un profil littéraire ou juridique ?

Sophie Boissard : Effectivement, la SNCF est une entreprise d'ingénieurs, passionnés par les enjeux techniques et industriels. Pour autant, par ses activités, par la nature de ses missions, elle est au cœur des enjeux de société et elle a besoin de sensibilités complémentaires, capables de se référer à l'histoire, à la géographie, à l'économie des territoires. Par ailleurs, j'ai toujours constaté que les cultures d'ingénieurs et de juristes faisaient bon ménage, sans doute parce qu'elles ont en commun une même capacité à penser système. Au total, avec la formation qui est la mienne, je me sens très bien dans mon entreprise.

 J.-P. H. : Vous êtes fonctionnaire, certes, mais avez-vous vraiment le sentiment de la sécurité de l’emploi?

Sophie Boissard : A un certain stade de maturité professionnelle, la sécurité de l'emploi n'est plus vraiment une dimension pertinente.