Vivre dans un monde numérique
L'archicube n°20 -
15-06-2016
Vivre dans un monde numérique
Éditorial
Présentation du thème
Sommaire
Les normaliens publient
ÉDITO R I A L
Au début des années 1980, les sévriennes se voyaient offrir, lors de leur première année de scolarité, des cours collectifs du soir de dactylographie car, comme on le leur disait alors, « Vous aurez à taper vous-même votre thèse sur une machine à écrire ! » Quelques années plus tard, c’est sur notre premier « Mac » (celui qui avait une poignée en haut et des disquettes, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) que nous le fîmes.
Dans l’entreprise d’aujourd’hui, le numérique est en train de changer en profondeur le mode de relations avec les partenaires externes, avec les clients et avec les salariés mais aussi, et surtout, la culture interne et les modes de management ; il n’est donc pas perçu comme un outil technique comme ce fut parfois le cas de l’informatique, mais bien comme une transformation en profondeur des modes de travail, comme une décentralisation et un partage de l’accès à la connaissance et à l’information. Dans le domaine des ressources humaines, l’utilisation des données en mode prédictif va, à terme, bouleverser le pilotage des compétences, du recrutement et de la mobilité des salariés. Les administrations, les services publics, les entreprises élaborent des politiques de gestion de la donnée qui croisent des questions d’éthique, de conformité, de création de valeur, d’image et de sécurité.
Ce numéro de L’Archicube offre un large panorama de ces changements et du rôle qu’y ont joué les normaliens.
Notre association s’inscrit aussi dans ces évolutions ; elle vient ainsi de signer un partenariat avec un éditeur numérique, Numilog (https://www.numilog.com/), pour
rendre L’Archicube accessible en ligne et accroitre sa diffusion ; elle a terminé de numériser toutes les notices publiées sur les normaliens décédés et s’attaque au classement de ses archives avec le même objectif. Nous avons également organisé et filmé, à l’occasion de la sortie du précédent numéro consacré à l’intégrité scientifique, des mini-conférences au format TED qui sont disponibles sur http://savoirs.ens.fr. Nous travaillons en outre à la mise en place du vote électronique pour les prochaines élections au conseil d’administration.
Le conseil d’administration de l’A-Ulm a coutume de dire par boutade (mais pas seulement !) que le patrimoine le plus précieux de l’Association réside dans son
fichier informatique riche de 20 000 noms, d’élèves, anciens élèves, contributeurs, professeurs, chercheurs : autant de références à la vie de l’École et à sa place dans la communauté scientifique et la société civile.
Je vous souhaite une excellente lecture de ce nouveau numéro passionnant !
Marianne Laigneau (1984 L)
Présidente de l’A-Ulm, Association des anciens élèves,
élèves et amis de l’École normale supérieure
Au début des années 1980, les sévriennes se voyaient offrir, lors de leur première année de scolarité, des cours collectifs du soir de dactylographie car, comme on le leur disait alors, « Vous aurez à taper vous-même votre thèse sur une machine à écrire ! » Quelques années plus tard, c’est sur notre premier « Mac » (celui qui avait une poignée en haut et des disquettes, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) que nous le fîmes.
Dans l’entreprise d’aujourd’hui, le numérique est en train de changer en profondeur le mode de relations avec les partenaires externes, avec les clients et avec les salariés mais aussi, et surtout, la culture interne et les modes de management ; il n’est donc pas perçu comme un outil technique comme ce fut parfois le cas de l’informatique, mais bien comme une transformation en profondeur des modes de travail, comme une décentralisation et un partage de l’accès à la connaissance et à l’information. Dans le domaine des ressources humaines, l’utilisation des données en mode prédictif va, à terme, bouleverser le pilotage des compétences, du recrutement et de la mobilité des salariés. Les administrations, les services publics, les entreprises élaborent des politiques de gestion de la donnée qui croisent des questions d’éthique, de conformité, de création de valeur, d’image et de sécurité.
Ce numéro de L’Archicube offre un large panorama de ces changements et du rôle qu’y ont joué les normaliens.
Notre association s’inscrit aussi dans ces évolutions ; elle vient ainsi de signer un partenariat avec un éditeur numérique, Numilog (https://www.numilog.com/), pour
rendre L’Archicube accessible en ligne et accroitre sa diffusion ; elle a terminé de numériser toutes les notices publiées sur les normaliens décédés et s’attaque au classement de ses archives avec le même objectif. Nous avons également organisé et filmé, à l’occasion de la sortie du précédent numéro consacré à l’intégrité scientifique, des mini-conférences au format TED qui sont disponibles sur http://savoirs.ens.fr. Nous travaillons en outre à la mise en place du vote électronique pour les prochaines élections au conseil d’administration.
Le conseil d’administration de l’A-Ulm a coutume de dire par boutade (mais pas seulement !) que le patrimoine le plus précieux de l’Association réside dans son
fichier informatique riche de 20 000 noms, d’élèves, anciens élèves, contributeurs, professeurs, chercheurs : autant de références à la vie de l’École et à sa place dans la communauté scientifique et la société civile.
Je vous souhaite une excellente lecture de ce nouveau numéro passionnant !
Marianne Laigneau (1984 L)
Présidente de l’A-Ulm, Association des anciens élèves,
élèves et amis de l’École normale supérieure
Présentation du dossier
Le monde devient de plus en plus « numérique ». Cette révolution a commencé au xxe siècle, après la Seconde Guerre mondiale, avec l’invention de l’informatique. L’informatique n’est pas la science des ordinateurs (comme pourrait le laisser penser son nom anglo-saxon de computer science), pas plus que l’astronomie n’est la science des télescopes, mais les ordinateurs ont joué un rôle fondamental dans sa découverte. Cette science est la première qui traite d’artefacts, créations purement humaines, en l’occurrence des algorithmes et de leur implémentation sur des machines. Ces suites d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème étaient bien connues avant les ordinateurs, tel l’algorithme du « plus petit commun diviseur » d’Euclide.
Proche des mathématiques, l’informatique s’en écarte pourtant par son aspect matériel et expérimental, ce qui la rapproche de la physique ; mais elle possède surtout une capacité phénoménale, celle de s’appliquer à tous les domaines de l’activité humaine. Ainsi, tout à la fois science et technique, elle a d’abord colonisé les télécommunications (d’où la « télématique », complètement oubliée aujourd’hui), puis la finance et, maintenant, les activités de services qu’elle « dématérialise » en supprimant papiers et employés de bureau, dans un monde de plus en plus numérisé.
Beaucoup de normaliens de la rue d’Ulm ont joué un rôle important dans cette naissance : Jean Kuntzmann (1931 s), Jean Legras (1933 s), Jean-Claude Hertz (1946 s), François Genuys (1946 s), Jacques Arsac (1946 s), Jacques-Louis Lions, (1947 s), Loup Verlet (1949 s), Claude Pair (1953 s), Alain Veillard (1954 s), Maurice Nivat (1956 s), Jean-Jacques Duby (1959 s), Charles Berthet (1961 s), Marcus Dornbusch (1961 s), Jean-Luc Stehlé (1966 s), en se limitant à ceux qui sont à la retraite ou qui ont disparu. J’en ai rencontré un certain nombre (pardon si j’en oublie) lorsque, dans les années 1970, Olivier Guichard, alors ministre de l’Éducation nationale, m’a nommé chargé de mission à l’informatique. Ma tâche était d’introduire l’informatique dans toutes les ramifications de son ministère : enseignement, recherche, gestion. Certains de ces normaliens sont encore vivants et je voulais qu’ils s’expriment dans ce numéro de L’Archicube. Nous avons aussi demandé à d’autres auteurs plus jeunes, essentiellement des archicubes, de nous parler du monde numérique qui s’élabore et à la construction duquel ils participent. Cet éclairage est naturellement incomplet, mais la vitesse de changement est telle que de nouveaux domaines vont être investis par les technologies numériques avant même que nous ayons eu le temps de les décrire.
Wladimir Mercouroff (1954 s)
Le monde devient de plus en plus « numérique ». Cette révolution a commencé au xxe siècle, après la Seconde Guerre mondiale, avec l’invention de l’informatique. L’informatique n’est pas la science des ordinateurs (comme pourrait le laisser penser son nom anglo-saxon de computer science), pas plus que l’astronomie n’est la science des télescopes, mais les ordinateurs ont joué un rôle fondamental dans sa découverte. Cette science est la première qui traite d’artefacts, créations purement humaines, en l’occurrence des algorithmes et de leur implémentation sur des machines. Ces suites d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème étaient bien connues avant les ordinateurs, tel l’algorithme du « plus petit commun diviseur » d’Euclide.
Proche des mathématiques, l’informatique s’en écarte pourtant par son aspect matériel et expérimental, ce qui la rapproche de la physique ; mais elle possède surtout une capacité phénoménale, celle de s’appliquer à tous les domaines de l’activité humaine. Ainsi, tout à la fois science et technique, elle a d’abord colonisé les télécommunications (d’où la « télématique », complètement oubliée aujourd’hui), puis la finance et, maintenant, les activités de services qu’elle « dématérialise » en supprimant papiers et employés de bureau, dans un monde de plus en plus numérisé.
Beaucoup de normaliens de la rue d’Ulm ont joué un rôle important dans cette naissance : Jean Kuntzmann (1931 s), Jean Legras (1933 s), Jean-Claude Hertz (1946 s), François Genuys (1946 s), Jacques Arsac (1946 s), Jacques-Louis Lions, (1947 s), Loup Verlet (1949 s), Claude Pair (1953 s), Alain Veillard (1954 s), Maurice Nivat (1956 s), Jean-Jacques Duby (1959 s), Charles Berthet (1961 s), Marcus Dornbusch (1961 s), Jean-Luc Stehlé (1966 s), en se limitant à ceux qui sont à la retraite ou qui ont disparu. J’en ai rencontré un certain nombre (pardon si j’en oublie) lorsque, dans les années 1970, Olivier Guichard, alors ministre de l’Éducation nationale, m’a nommé chargé de mission à l’informatique. Ma tâche était d’introduire l’informatique dans toutes les ramifications de son ministère : enseignement, recherche, gestion. Certains de ces normaliens sont encore vivants et je voulais qu’ils s’expriment dans ce numéro de L’Archicube. Nous avons aussi demandé à d’autres auteurs plus jeunes, essentiellement des archicubes, de nous parler du monde numérique qui s’élabore et à la construction duquel ils participent. Cet éclairage est naturellement incomplet, mais la vitesse de changement est telle que de nouveaux domaines vont être investis par les technologies numériques avant même que nous ayons eu le temps de les décrire.
Wladimir Mercouroff (1954 s)
SOMMAIRE
Éditorial, Marianne Laigneau 5
LE DOSSIER : VIVRE DANS UN MONDE NUMÉRIQUE
Introduction, Wladimir Mercouroff 9
Ces normaliens qui ont fait la science informatique 11
La naissance de l’informatique en France, Wladimir Mercouroff 11
Impressions d’un pionnier de l’informatique, Claude Benzaken 18
Comment devenir informaticien au XXe siècle, Jean-Luc Stehlé 24
L’informatique contre le désordre, Maurice Nivat 27
L’épopée du Centre de calcul de l’ENS, Jacques Beigbeder 33
Vivre, créer et partager à l’ère numérique 36
Les big data en pratiques, Angèle Christin 36
Informatique d’entreprise : comment ça marche ? Jérome Brun 41
La science informatique dans l’enseignement, Pierre Léna 47
L’histoire des textes anciens et le numérique : l’exemple de Biblissima, Anne-Marie Turcan-Verkerk 51
Comment donner un sens à l’image numérique ? Jean Ponce 58
Numérique et nouveaux marchés culturels : état des lieux et perspectives, Joffrey Collignon 63
L’ENS, l’économie de partage et BlaBlaCar, Frédéric Mazzella 67
Des enjeux sociétaux majeurs 77
Big brother, Stasi et Wikileaks, Gafa, Natu… Quelle gouvernance et quelle économie pour la civilisation numérique qui vient ? Wladimir Mercouroff 77
L’arrivée des données massives en économie et en finance signe-t-elle la fin des modèles ? Christophe Geissler 87
La révolution n’est plus télévisée. Du gouvernement à l’âge numérique, Romain Pigenel 94
Le projet de loi pour une République numérique et sa consultation en ligne : une expérience pionnière de démocratie participative, Florent de Bodman 98
De la surveillance totale à la « sousveillance » généralisée, Jean-Gabriel Ganascia 104
La subordination dans le monde numérique, Philippe Askenazy 112
Former, protéger, Pierre-Yves Geoffard 116
Un autre regard 121
Ordinateur céleste, Emmanuel Desclèves 121
LA VIE DE L’ÉCOLE
Logo y es-tu ? À propos de la création du logo de l’École 127
Vie de l’A-Ulm : intégrité, sciences, éthique 129
VIE DES CLUBS
L’activité des clubs 133
LES NORMALIENS PUBLIENT
Wladimir Mercouroff 137
Étienne Guyon 140
Olivier Szerwiniack 142
Éloïse Libourel 164
Emmanuelle Genevois 168
Jean Hartweg 173
Lucie Marignac 177
ULMI & ORBI
La mise en évidence d’une forte émission d’ondes gravitationnelles révélée au public 189
Cinquante ans après : retrouvailles des rugbymen 192
Cérémonie de remise du prix Romieu 193
Le courrier 199
Éditorial, Marianne Laigneau 5
LE DOSSIER : VIVRE DANS UN MONDE NUMÉRIQUE
Introduction, Wladimir Mercouroff 9
Ces normaliens qui ont fait la science informatique 11
La naissance de l’informatique en France, Wladimir Mercouroff 11
Impressions d’un pionnier de l’informatique, Claude Benzaken 18
Comment devenir informaticien au XXe siècle, Jean-Luc Stehlé 24
L’informatique contre le désordre, Maurice Nivat 27
L’épopée du Centre de calcul de l’ENS, Jacques Beigbeder 33
Vivre, créer et partager à l’ère numérique 36
Les big data en pratiques, Angèle Christin 36
Informatique d’entreprise : comment ça marche ? Jérome Brun 41
La science informatique dans l’enseignement, Pierre Léna 47
L’histoire des textes anciens et le numérique : l’exemple de Biblissima, Anne-Marie Turcan-Verkerk 51
Comment donner un sens à l’image numérique ? Jean Ponce 58
Numérique et nouveaux marchés culturels : état des lieux et perspectives, Joffrey Collignon 63
L’ENS, l’économie de partage et BlaBlaCar, Frédéric Mazzella 67
Des enjeux sociétaux majeurs 77
Big brother, Stasi et Wikileaks, Gafa, Natu… Quelle gouvernance et quelle économie pour la civilisation numérique qui vient ? Wladimir Mercouroff 77
L’arrivée des données massives en économie et en finance signe-t-elle la fin des modèles ? Christophe Geissler 87
La révolution n’est plus télévisée. Du gouvernement à l’âge numérique, Romain Pigenel 94
Le projet de loi pour une République numérique et sa consultation en ligne : une expérience pionnière de démocratie participative, Florent de Bodman 98
De la surveillance totale à la « sousveillance » généralisée, Jean-Gabriel Ganascia 104
La subordination dans le monde numérique, Philippe Askenazy 112
Former, protéger, Pierre-Yves Geoffard 116
Un autre regard 121
Ordinateur céleste, Emmanuel Desclèves 121
LA VIE DE L’ÉCOLE
Logo y es-tu ? À propos de la création du logo de l’École 127
Vie de l’A-Ulm : intégrité, sciences, éthique 129
VIE DES CLUBS
L’activité des clubs 133
LES NORMALIENS PUBLIENT
Wladimir Mercouroff 137
Étienne Guyon 140
Olivier Szerwiniack 142
Éloïse Libourel 164
Emmanuelle Genevois 168
Jean Hartweg 173
Lucie Marignac 177
ULMI & ORBI
La mise en évidence d’une forte émission d’ondes gravitationnelles révélée au public 189
Cinquante ans après : retrouvailles des rugbymen 192
Cérémonie de remise du prix Romieu 193
Le courrier 199
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