Hommage à Cécile Hussherr-Poisson (1995 l)

Date et heure: 
Samedi, 8 Juillet, 2023 - 09:00
Lieu: 
Texte lu en Salle des Actes

Hommage à Cécile

L’association des anciens élèves, élèves et amis de l’ENS veut aujourd’hui rendre hommage à Cécile qui, entrée à l’ École en 1995, y fut une brillante élève – et qui restera pour beaucoup d’entre nous une amie très chère.

Entrée comme élève de l’école littéraire à l’ENS, Cécile a poursuivi des études de lettres classiques. Elle s’intéressait à l’histoire des textes bibliques et à leurs liens avec la littérature, un champ de recherche original. Elle possédait une très vaste culture, nourrie de références bibliques, grecques, latines et littéraires, qui rendait ses problématiques de recherche fécondes et neuves. Son travail de doctorat sur les réécritures du mythe de Caïn et Abel, qui a donné lieu à un livre remarquable, atteste de cette richesse. Cécile était connue à l’École non seulement pour ses réflexions sur ces sujets scientifiques, mais aussi pour son extrême efficacité dans le travail. Elle passa l’agrégation avec décalage par rapport à ses camardes de promotion, à son retour des Etats-Unis, et prépara ce concours ô combien difficile avec une persévérance extraordinaire, elle qui était déjà maman à l’époque.

Elle fut recrutée immédiatement après sa thèse, devenant à l’époque la plus jeune maîtresse de conférences de sa discipline en France. Elle aimait à raconter que lors de son premier jour d’enseignement comme ATER à Marne-la-Vallée, le secrétariat l’avait d’abord prise pour une étudiante et avait refusé de lui confier la clef de la salle. Une fois arrivée devant la porte, elle avait entendu deux étudiantes se demander je cite « mais où est la prof ? » et Cécile riait en racontant cette anecdote. Par sa jeunesse, son sourire, son savoir, son rayonnement incroyable en un mot, Cécile a profondément marqué ses étudiantes et ses étudiants.

Cécile s’est très rapidement fait de nombreux amis rue d’Ulm. Elle est devenue une figure marquante de la promotion 1995, tant dans l’école littéraire que dans l’école scientifique. D’une part parce que, toujours joyeuse, allante, communicative, attentive aux autres, elle tissait de nombreux liens, participant aux activités festives du COF, aux séjours de ski des professeurs de sport, aux voyages d’intégration. D’autre part parce que, en s’engageant intensément dans l’aumônerie, elle a contribué à en faire un lieu de vie, de partage, d’amitiés vraies et durables. Beaucoup gardent de ces années de construction de la personnalité et de déploiement des potentiels de chacune et de chacun, un souvenir indélébile, porteur d’avenir. Cécile a fait partie de cette constellation merveilleuse pour les camarades de la promotion 1995 et pour celles et ceux qui vivaient à l’ENS à la même période.

Cécile nous a quittés brutalement, dans des circonstances dramatiques. Sa mort atroce est en rupture totale avec tout ce que Cécile était au fond d’elle-même. Nous voulons garder d’elle aujourd’hui sa fécondité intellectuelle, son sourire extraordinaire, ses yeux pétillants, sa joie de vivre qui nous aide à traverser ce moment. Sachons comme association être présents à sa famille et notamment à ses trois enfants pour leur dire tout le bien que nous a fait Cécile, nous qui étions ses camarades et ses amis.

                                                                                                                                                      Marie-Bénédicte Vincent (1995 l)