CAMBEFORT Jean-Louis - 1961 s

CAMBEFORT (Jean-Louis), né le 20 novembre 1941 à Salvagnac (Tarn), décédé le 14 juillet 2016 à Formiguères (Pyrénées-Orientales). – Promotion de 1961 s.


Jean-Louis Cambefort est né à Salvagnac, dans le Tarn, département d’où étaient originaires ses parents . Son père, ingénieur des Arts et Métiers, avait choisi l’ensei- gnement technique et sa mère était professeur de lettres classiques . Après une période passée dans le centre de la France, ils ont pu s’installer à Toulouse où Jean-Louis et son frère Yves, de quatre ans son cadet, ont fait toutes leurs études secondaires . Après les classes préparatoires au lycée Pierre-de-Fermat, Jean-Louis a intégré l’École en 1961 . Il a suivi le cursus habituel de physique : licence, DES et agrégation à laquelle il a été reçu en 1965 . C’était un compagnon sympathique, attentionné, classique dans sa formation mais en même temps très original dans ses activités et dans le regard qu’il portait sur la société . Souvent minimaliste, parfois à la limite de l’austérité, dans sa vie quotidienne, il y avait en lui du cathare .

À la sortie de l’École, n’ayant à ma connaissance jamais envisagé la carrière de professeur de Taupe, mais attiré par l’enseignement, il a cherché un poste à l’Univer- sité . Le développement rapide de la faculté des Sciences de Paris à cette époque lui aurait sans doute facilement permis de devenir assistant sur place . Mais il a choisi de s’éloigner un peu de la capitale . Intéressé par la physique mathématique, il est allé à la faculté des sciences de Dijon où il a commencé à travailler sous la direction de Moshé Flato . Au début, il parlait avec enthousiasme de sa future thèse, puis, au fil des ans, de moins en moins et finalement il ne l’a jamais soutenue . Bien que sa curiosité scientifique n’ait pas diminué, j’ai eu l’impression qu’il renonçait petit à petit à un travail académique pour se consacrer de façon plus éclectique et désintéressée à des recherches mathématiques personnelles . Au demeurant, il s’est aussi investi pleine- ment dans son enseignement, s’occupant notamment pendant de nombreuses années de la préparation au Capes et à l’agrégation de Physique .

Sans doute attiré, entre autres facteurs, par le poids des physiciens russes dans sa discipline (qui ne se souvient des « Landau et Lifschitz » ?), il avait entrepris en 1966, ou 67, d’apprendre le russe auquel un cours de « langue scientifique » mis en place par le laboratoire de physique nous avait déjà initié pendant nos années d’École . Il profi- tait de la proximité de Paris pour aller suivre des cours aux « Langues O » . Pendant un séjour linguistique à l’université de Moscou il fit la connaissance de Françoise, une jeune agrégative qui, devenue sa femme au début des années 1970, lui a donné quatre filles : Lise, Hélène, Jeanne et Marie . Plus tard, avec sa nouvelle compagne, Sylvine, il a eu deux fils : Elie, ainsi nommé en mémoire d’un aïeul paternel, facteur à Salvagnac, et Mani .

Sans objectif de carrière particulier, il a pris sa retraite dès qu’il l’a pu et, tout en maintenant quelques contacts avec un très petit nombre de scientifiques dijon- nais, il s’est consacré à sa famille – ses deux fils étaient encore très jeunes – et à la maintenance des maisons auxquelles il était très attaché : à Larroque, dans le Tarn, la demeure de ses grands-parents maternels ; dans les Pyrénées-Orientales, dans le village montagnard de Formiguères, le chalet que ses parents y avaient acquis et où son père, entouré de ses amis, pouvait se livrer à sa passion de la chasse et de la pêche ; et enfin, dans l’Yonne, la maison de famille de sa compagne, où il laissait libre cours à ses talents de bricoleur .

Grâce à ses invitations quand nous étions encore à l’École, je m’étais moi aussi fixé à Formiguères et c’est là que nous nous rencontrions régulièrement l’été depuis mon départ de Paris en 1970 . Si, dans ces rencontres, dans nos promenades en montagne, nous parlions un peu de tout, de nature, de fleurs, d’écologie, de physique, de big bang, de cosmologie . . ., il ne livrait jamais grand-chose de lui-même . Il préférait toujours s’intéresser aux autres, attentif à leur santé, à leurs soucis . C’était encore et toujours un ami chaleureux, qui s’était fait apprécier de tout le village qu’il charmait par son affabilité et sa culture .

Il partait parfois pour de longues randonnées dans les massifs les plus reculés de la région parce qu’à ses yeux ils étaient exempts de la pollution des stations de ski des montagnes plus accessibles . Mais malgré les dangers de ces aventures solitaires sur les cimes du Mont Coronat, c’est finalement dans son chalet qu’un accident de santé allait le terrasser le 14 juillet 2016, pour la plus grande peine de sa famille et de ses amis .

Pierre BROCHE (1961 s)