COLLET (épouse BOITEL) Simone - 1953 L

COLLET (Simone, épouse BOITEL), née à Paris le 29 septembre 1930, décédée à Paris le 11 août 2014. − Promotion de 1953 L.


Née à Paris d’un père forgeron et d’une mère couturière chez Balenciaga, Simone fit ses études secondaires au lycée Hélène-Boucher . Un brillant succès au baccalauréat condui- sit cette excellente élève vers la khâgne du lycée Fénelon, la meilleure de France ouverte aux filles . La khâgne la plus exigeante et la plus austère aussi . . . Nous étions une bonne cinquantaine, serrées dans une salle aux murs nus et le rythme des cours et des exercices empêchait trop souvent que des liens proches puissent se nouer entre des élèves venues d’horizons divers, les externes qui rentraient chaque soir dans leurs familles et les internes, dont j’étais, qui s’étaient forgé un foyer de substitution dans l’internat du lycée Montaigne .

À cette époque, je savais seulement que Simone, particulièrement discrète, travail- lait beaucoup sans faire part de ses découragements ou de ses enthousiasmes . C’est à partir de notre séjour boulevard Jourdan que commença notre intimité au cours d’échanges concernant notre travail ou à la faveur des rites du café qui réunissait chaque jour le même petit groupe . Des sorties communes dans les musées ou au cinéma approfondirent ces liens . Nous nous sommes beaucoup soutenues, au sein d’un cercle amical, pour franchir victorieusement la barrière de l’agrégation . Mais, sous des regards un peu ironiques, nous avions décidé, elle et moi, de passer égale- ment l’oral du CAPES, qui nous permit d’expérimenter l’enseignement lors de stages aux lycées Charlemagne et Victor-Duruy . Cette expérience, qui ne manqua pas d’épi- sodes pittoresques, se conclut pour elle par un succès remarquable .

Des nominations dans des lycées éloignés et les hasards de la vie nous ont séparées géographiquement, mais nos relations amicales se sont maintenues par une corres- pondance régulière et des rencontres . J’appris son retour rapide au lycée Victor-Duruy, où elle a accompli l’essentiel de sa carrière, et je pouvais mesurer par ses confidences la passion qu’elle mettait à exercer son métier et deviner l’enthousiasme qu’elle susci- tait chez ses élèves . Nos échanges évoquaient aussi nos découvertes de lectures ; elle, parisienne, m’informait sur les expositions qu’elle ne manquait pas d’aller voir .

Parvenue à la retraite, Simone suivit les cours de l’École du Louvre et entreprit en compagnie de son mari, guide très sûr en la matière, de nombreux voyages en France et à l’étranger à la quête des trésors des musées, dont elle faisait une relation dans des lettres ou des conversations enthousiastes .

Seule une maladie longue et invalidante a pu faire obstacle à son intérêt passionné pour toutes les formes de la culture et de l’art et je ne doute pas qu’elle ait laissé une très forte impression sur des générations d’élèves .

Françoise GOUSSOT LIOURE (1953 L)

Comme pour prolonger ces derniers mots, son époux Jean-René Boitel a choisi, parmi les nombreux témoignages de sympathie, ce message d’une élève de mademoiselle Collet en 1965 à Victor-Duruy :

Mademoiselle Collet ; un professeur mythique comme il n’en existe que fort peu de nos jours . Elle fut une initiatrice . Grâce à elle, j’entrai véritablement en littérature . J’attendais son cours avec impatience . Elle nous entraînait dans son sillage dans un palpitant voyage à travers les siècles, nous faisant nous passionner tant pour Aucassin et Nicolette que pour La Fiancée du timbalier . Elle a marqué mon adolescence et me laisse un souvenir indélébile .

Laurence GENETELLI, professeur agrégé des lettres