COURTÈS François - 1988 s

COURTÈS (François), né le 4 octobre 1970 à Montpellier (Hérault), décédé le 6 septembre 2016 à Poitiers (Vienne). – Promotion de 1988 s.


François Courtès est le fils de Jean Courtès (profes- seur de lettres classiques à l’université de Reims) et d’Huguette Jalabert (professeur de philosophie à l’univer- sité de Montpellier) .

Enfant surdoué, François intègre l’École normale supé- rieure dans la filière mathématique, à 18 ans, en septembre 19881 . Il s’y fit immédiatement remarquer par son implica- tion dans la vie sociale de l’École, implication qui durera jusqu’à sa mort, bien après qu’il ait quitté son statut d’élève . Ses diverses contri- butions mirent en avant ses talents de pianiste, d’organisateur de jeu en grandeur nature dans Paris2, d’informaticien, ... la liste serait longue . Sa popularité au sein des élèves et archicubes fut telle que François fut et restera longtemps une figure emblématique de l’École .

François passe l’agrégation de mathématiques en 19903 et poursuit ses études par un DEA4 en 1991, sous la direction de Jean-Loup Waldspurger . Il débute ensuite en thèse avec le même directeur, bénéficiant à la sortie de l’École d’un statut d’alloca- taire-moniteur normalien à l’université de Paris-VII . Il soutient sa thèse en 1996 sur le thème : Étude du transfert des intégrales orbitales de SL(n) à ses sous-groupes endosco- piques . Ses travaux de thèse portent sur ce qu’on appelle le programme de Langlands, et plus particulièrement sur son versant automorphe qui consiste à développer l’ana- lyse harmonique sur les groupes de Lie dits p-adiques.

Dès sa thèse soutenue, François intègre le CNRS comme chargé de recherche5 au sein du laboratoire de mathématiques de l’université de Poitiers, laboratoire d’accueil où il restera jusqu’à sa mort en 2016 . Il passe son habilitation à diriger des recherches en 2015 . De 1996 à 2016 sa vie est partagée entre Paris et Poitiers . Sa contribution à la vie scientifique de Poitiers est importante de par ses nombreuses interventions dans les groupes de travail . Il passera de nombreuses heures au tableau à transmettre les constructions abstraites de Borel, Bruhat et Tits à ses collègues . Mathématicien passionné, il était capable de communiquer ses recherches avec enthousiasme et simplicité . Il était apprécié de ses collègues du Laboratoire autant par sa virtuosité mathématique que par ses qualités humaines .

Son statut de chercheur au CNRS lui permettra de publier à son rythme de longues publications d’une grande profondeur mathématique . Ses contributions scientifiques couvrent trois thèmes . Il s’intéresse d’abord, depuis sa thèse, à l’analyse harmonique sur les groupes p-adiques, en particulier l’étude des distributions inva- riantes et des intégrales orbitales . Il s’attaque ensuite à l’étude abstraite des groupes réductifs et de certains de leurs sous-groupes . Finalement ses dernières contributions concernent une démonstration partielle d’une conjecture de Dipendra Prasad sur les espaces symétriques p-adiques . François laisse des travaux profonds non publiés6 . Ceux-ci portent sur l’étude des sous-groupes parahoriques des groupes réductifs et sur leur caractérisation axiomatique . Tous ces travaux vaudront à François un rayon- nement international .

Parallèlement à sa vie scientifique poitevine et à sa présence régulière à l’ENS où se tissent de grandes amitiés, François parcourt le globe comme compétiteur du Rubik’s Cube, une de ses plus grandes passions . Véritable virtuose de ce casse-tête, il participe à d’innombrables compétitions7 et bat de multiples records8 en France .

François Courtès meurt brusquement des suites d’un AVC, le 6 septembre 2016 au CHU de Poitiers, à l’âge de 45 ans .

Paul BROUSSOUS (1989 s)

Notes

  1. 1 .  Rang 26e .

  2. 2 .  François fut l’un des inventeurs de la Traque .

  3. 3 .  Rang 33e .

  4. 4 .  Université de Paris Sud-Orsay

  5. 5 .  D’abord comme 2e classe . Il passe CR 1re classe en octobre 2000 .

  6. 6 .  Mais présents sur des archives ouvertes .

  7. 7 .  Selon l’Association française de Speedcubing, François a participé à 184 compétitions internationales, de 2008 à sa mort .

  8. 8 .  Selon l’Association française de Speedcubing, il détenait avant sa mort le record de France en moyenne de résolution à l’aveugle, ainsi que de résolution multiple à l’aveugle .