FOLLET Simone - 1955 L

FOLLET (Simone), née le 23 janvier 1935 à Champagnole (Jura), décédée le 16 février 2021 à Mâcon (Saône-et-Loire). – Promotion de 1955 L.


Simone Follet s’est éteinte à Mâcon, où elle passait d’ordi- naire les mois d’été dans la maison de ses parents et où elle était restée cette année pour éviter le confinement parisien .

Après des études secondaires au lycée de Mâcon et une préparation au concours de l’École normale supérieure de jeunes filles (ENSJF « Sèvres ») au lycée de Versailles, elle est entrée à l’École en 1955 (dans la même promotion que Jacqueline Champeaux et Assia Djebar) . Agrégée de gram- maire en 1958, elle est devenue assistante à l’université de

Clermont-Ferrand avant de revenir boulevard Jourdan en 1961 comme « caïmane » de philologie et littérature grecques .

Nommée directrice adjointe de l’ENSJF en 1975, Josiane Serre (1944 S) en étant alors directrice, elle a exercé cette fonction jusqu’en 1985, peu avant la fusion d’Ulm et de Sèvres en 1987 qui devait entraîner la disparition de ce poste . Devenue profes- seur à l’université de Caen, puis à Paris X-Nanterre, elle a terminé sa carrière à Paris IV-Sorbonne en 2000, année de son éméritat .

Elle a dirigé une quinzaine de thèses de doctorat, a été le garant de plusieurs habi- litations et a participé à de nombreux jurys . Pendant une dizaine d’années elle avait eu la responsabilité du concours d’entrée à l’ENSJF . De 1981 à 1985, elle avait animé à l’École une recherche coopérative sur programme du CNRS (RCP 668) intitulée « Étude de textes sophistiques et techniques tardifs » .

Simone Follet laisse une œuvre très importante, plusieurs livres et de nombreux articles dans les domaines de la philologie, de la littérature et de l’épigraphie grecques .

Outre la publication de sa thèse d’État Athènes au iie et au iiie siècle. Études chro- nologiques et prosopographiques aux Belles Lettres en 1976, Simone Follet a édité les actes du colloque que l’équipe de L’Année épigraphique l’avait aidée à organiser à Paris en 2000 : L’Hellénisme d’époque romaine : nouveaux documents, nouvelles approches (ier siècle avant J.-C. – iiie siècle après J.-C.). Actes du colloque à la mémoire de Louis Robert (1924 l), Paris, 7-8 juillet 2000, Paris, 2004, De Boccard « De l’archéologie à l’histoire » . Et, en 2017, elle a publié aux Belles Lettres Philostrate l’Athénien : Sur les héros . Texte établi, traduit et commenté par Simone Follet (Collection des univer- sités de France . Série grecque, 531) . Elle participait à la préparation d’une édition critique des Descriptions de Callistrate . Et elle préparait avec Bernadette Puech (1971 l), toujours pour les Belles Lettres, l’édition des Vies de sophistes de Philostrate .

Jusqu’à une date récente, Simone Follet migrait chaque année au printemps vers Athènes et y séjournait à l’École française d’archéologie pour bénéficier de la bibliothèque, mener ses enquêtes dans les réserves épigraphiques du Musée national archéologique, revoir ses amis grecs et travailler avec certains d’entre eux . Engagée dans plusieurs entreprises scientifiques pendant plus de vingt ans, elle a participé à la rédaction du Bulletin épigraphique (REG, dir . Philippe Gauthier et Laurent Dubois) et de L’Année épigraphique (PUF, dir . Mireille Corbier) et à la constitution du Dictionnaire des philosophes antiques (CNRS, dir . Richard Goulet) . Elle colla- borait à la troisième édition du corpus de Berlin des Inscriptiones Graecae pour les inscriptions attiques d’époque romaine .

Membre actif de l’USR 710 du CNRS « L’Année épigraphique » du 1er janvier 1994 au 31 décembre 2013, laboratoire de recherche dont elle avait soutenu la consti- tution, Simone Follet était très attachée à cette équipe ; elle y animait un programme intitulé « Constitution de corpus régionaux ou thématiques » et participait à toutes les manifestations scientifiques .

Ainsi, lors du colloque sur L’Écriture dans la maison romaine, elle avait donné une remarquable communication sur une sphère inscrite du Musée épigraphique d’Athènes associant l’étude du texte et de l’image, publiée ensuite dans les Actes (De Boccard, 2011) .

Parmi les sujets de prédilection que laisse apparaître sa riche bibliographie, on relève les noms de Philostrate (pour les multiples facettes de son œuvre) et ceux des empereurs Hadrien et Marc Aurèle, les enquêtes sur divers manuscrits, notam- ment ceux de Philostrate, les épigrammes, le genre épistolaire, le thème Épigraphie et littérature, les études de chronologie attique, les « raccords » d’inscriptions débou- chant sur la reconstitution d’un document et son étude . Son dernier article de ce type, publié en 2020 dans le BCH 243 .2 de 2019, porte précisément sur un impor- tant document épigraphique athénien : « Bienfaits de l’empereur Hadrien envers les cités de Sardes et Synnada (IG II2 1089, complétée, et IG II2 1075, complétée) », en collaboration avec Dina Peppas Delmousou .

L’extrême variété des personnages sur lesquels elle a écrit une soixantaine de notices pour le Dictionnaire des philosophes antiques témoigne de sa vaste curiosité ; invitée par Georges Tate et moi-même à participer au colloque « Comparaison entre l’Empire romain et l’Empire chinois sous les dynasties Qin et Han » (Pékin, octobre 1999), Simone Follet avait choisi d’y présenter « Polybe et le monde romain » .

De bonne compagnie, d’humeur égale et de parole mesurée, Simone était aussi une femme de belle stature qui aimait la vie, appréciait la convivialité de la bonne chère, des vins fins et surtout le plaisir des conversations, où elle savait faire preuve d’humour . Pleine d’énergie, elle se déplaçait toujours en voiture, notamment dans Paris, ce qui justifiait ses fréquents retards... et n’avait renoncé à conduire que récemment .

La carrière de Simone Follet a été étroitement liée à l’École normale supérieure de jeunes filles avec un « cursus » à l’antique, d’élève, de caïmane et de directrice adjointe . Son propre parcours et l’attention sympathique qu’elle a portée aux dizaines de jeunes femmes qu’elle y a côtoyées ainsi qu’aux étudiantes des univer- sités qu’elle a orientées, ont rendu Simone Follet très sensible à la promotion des femmes dans la recherche et l’enseignement – pour laquelle elle n’a cessé d’œuvrer, sans négliger pour autant les jeunes hommes qui se sont engagés dans la recherche sous sa direction ou à ses côtés . Son rayonnement scientifique s’est exercé en profon- deur : par ses enseignements, ses séminaires de recherche, ses conseils personnalisés et les dizaines de manuscrits qu’elle a annotés avec minutie au crayon de son écriture fine, en précisant parfois dans la marge la portée de sa correction . Aussi les témoi- gnages de gratitude et de dette intellectuelle à son égard ont-ils fusé de toutes parts après sa disparition .

Simone Follet était aussi une amie fidèle et ses nombreux amis conserveront long- temps son souvenir .

Mireille CORBIER (1962 L)