HOF Claudine (épouse QUÉMAR) - 1960 L

HOF (Claudine, épouse QUÉMAR), née le 11 novembre 1939 à Sainte-Marie- aux-Mines (Haut-Rhin), décédée à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) le 19 mai 1978. – Promotion de 1960 L.


Claudine Hof était notre Alsacienne . Née le 11 novembre 1939 à Sainte-Marie- aux-Mines, elle avait passé son enfance et son adolescence à Obernai. Après avoir collectionné les prix d’excellence au collège Freppel jusqu’à la classe de philosophie, elle était entrée en classe préparatoire à Strasbourg d’où elle rejoignait en fin de semaine sa famille – ses parents et sa sœur Édith – désormais établie à Molsheim.

La très légère trace d’accent qu’elle avait gardée suscitait parfois quelques taqui- neries qu’elle prenait sans se fâcher.  Au contraire, sa bienveillance naturelle était désarmante. Sa haute taille semblait la gêner et la rendait presque timide, mais on savait pouvoir compter sur son écoute en toute circonstance . Elle était toujours au centre du petit groupe de la 60e promotion littéraire qui jour après jour se retrouvait chez l’une ou l’autre pour prendre le café ensemble.

Après sa licence de lettres classiques, elle choisit pour sujet de ce qu’on appe- lait alors le diplôme « la perspective déformante chez Proust » . Le sujet requérait une finesse d’analyse particulière et se trouvait au cœur même de la problématique proustienne . Une hépatite faillit l’empêcher de le mener à bien, mais après une hospi- talisation à la Cité universitaire, elle réussit à soutenir son mémoire à temps et acquit durablement l’estime de son directeur de recherches, Georges Blin (1937 l).

Son premier poste après l’agrégation (1963) l’amena pour deux ans au Mans . Puis ce fut le lycée Marie-Curie à Sceaux, où ses élèves continuèrent de lui marquer leur attachement encore après son départ.

C’est en 1966 qu’elle épousa un jeune énarque, Georges Quémar, heureuse rencontre de l’Alsace et de la Bretagne.

Sa carrière s’annonçait brillante.  Entrée au CNRS dans la section littérature, elle poursuivait ses recherches sur Proust en travaillant sur les manuscrits.  Elle était aussi devenue l’assistante de Georges Blin désormais professeur au Collège de France. L’écho de ses recherches était parvenu jusqu’au Japon et elle était devenue l’espoir des études proustiennes.

Sa douceur maternelle, dont avait bénéficié sa jeune sœur Édith, lui faisait rêver d’un enfant . Une opération en apparence réussie à l’automne 1977 entretint cet espoir . Las ! Dès janvier 1978, prise de fortes douleurs, elle retrouva l’hôpital . Ses médecins comme ses proches jugèrent préférable de ne pas lui révéler la gravité de son état . Sa mère venue d’Alsace lui rendait visite tous les jours à l’hôpital René- Huguenin de Saint-Cloud et la voyait dépérir dans d’atroces douleurs . Le calvaire prit fin le 19 mai 1978.

Le petit groupe qui jadis se réunissait autour d’un café au 48 boulevard Jourdan se retrouva éploré à Molsheim par un jour de printemps pluvieux . C’est une femme pasteur – une des premières à l’époque – qui célébra l’office des morts pour Claudine . Puis l’on se réunit dans la maison familiale de la rue des Étudiants.

Claudine aurait à l’heure où paraîtront ces lignes le double de l’âge qu’elle avait quand elle nous a quittés . Il nous reste d’elle ces photos en noir et blanc d’un pèleri- nage proustien commun à Illiers-Combray et d’un anniversaire où elle souriait avec confiance une bouteille de champagne à la main.

Mireille Bonan HADAS-LEBEL (1960 L)