LACAUX André - 1955 l

LACAUX (André, Georges), né le 22 septembre 1934 à Antibes (Alpes- Maritimes), décédé à Paris le 13 novembre 2020. – Promotion de 1955 l.


André Lacaux, c’était d’abord une silhouette longiligne, que l’on apercevait dans ce Quartier latin qu’il n’avait jamais voulu quitter depuis son arrivée en 1952 à l’hypo- khâgne de Louis-le-Grand . Le prestige que lui procurait sa haute taille, sa chevelure flamboyante et ses yeux très clairs crèvent l’écran sur une belle photo, reprise en première page du Monde lors du cinquantenaire des évènements de mai 1968, où, aux côtés de Vladimir Jankélévitch (1922 l), sur la place de la Sorbonne, l’air à la fois décidé et préoccupé, il domine la foule des manifestants .

Cette allure aristocratique contrastait avec des origines plus modestes, qu’il évoquait parfois quand, parlant politique, on insinuait que sa position révélait peut- être une absence de réalisme social . Issu d’une famille corrézienne de paysans, fils de gendarme, son père avait utilisé la seule voie qui, à une époque où les études étaient payantes, lui permettait de réaliser sa vocation de médecin : celle de l’armée – comme l’avait d’ailleurs fait son frère qui avait, lui, choisi d’être intendant mili- taire . La brillante carrière de Jean Lacaux l’avait amené au sommet de la hiérarchie, jusqu’au poste très envié de médecin général commandant le Val-de-Grâce . C’était un homme d’une grande intelligence, mais aux principes un peu raides, et surtout volontiers ironique, ce qui provoquait parfois des frictions avec notre camarade, fils unique . Sa mère, née Pauline Goujon, était « une grande dame belle, douce, discrète, fidèle lieutenant de son mari, adoratrice silencieuse de son fils », comme la dépeignait l’une de ses amies . À sa retraite, le général s’était retiré dans son pays, à Beaulieu . Fidèle lui aussi à la Corrèze, André se rendait chaque année, même après la mort de ses parents, dans ce village, où, jusqu’à la fin de sa vie, il aida d’ailleurs un parent en difficulté .

Après un moment d’hésitation entre les sciences et les lettres, qui l’amena à faire à Grenoble une demi-année en classe préparatoire scientifique, Lacaux fut reçu, en cube, troisième de la promotion littéraire de 1955 . Suivirent maîtrise, agrégation de lettres classiques en 1958, année supplémentaire à l’École, séjour à Yale en 1959- 1960 (où il nota ses impressions sur les mœurs américaines dans un journal de bord qui ne manque pas d’intérêt) . Passionné de cinéma, membre actif du ciné-club de l’École, peut-être songea-t-il à entreprendre une carrière de cinéaste (figure dans ses archives une réponse de Robert Bresson à une demande de conseils pour la mise en scène de films), mais il choisit finalement de rester dans l’enseignement .

Le service militaire devant précéder leur entrée dans la vie professionnelle, c’était dès l’abord, pour la majorité des normaliens littéraires, six mois d’instruc- tion à l’École des officiers de Cherchell (Algérie), puisqu’ils étaient soumis à l’Imo (instruction militaire obligatoire) et avaient vocation à devenir tous officiers, uolentes nolentes : l’armée manquait de sous-lieutenants pour encadrer les milliers de jeunes envoyés en Algérie . Sorti dans un bon rang, Lacaux aurait pu obtenir une affectation en métropole ou en Allemagne, mais, soucieux à la fois de ne pas se distinguer de l’ensemble de sa génération et de ne pas combattre la rébellion algérienne, il choisit, à l’amphi-garnison d’avril 1961, d’intégrer le SFJA (Service de formation des jeunes en Algérie), qu’il connaissait car son oncle y dirigeait l’intendance .

Il devait occuper un poste à Alger . À sa grande déception, on préféra l’envoyer ronger son frein en métropole, à Fontenay-le-Comte ; il ne revint en Algérie, une fois l’oncle parti, qu’au début de l’année 1962, affecté à l’École des cadres de Guyotville (aujourd’hui Aïn Benian), toujours au SFJA . En ce bord de mer proche d’Alger, il connut après les accords d’Évian (19 mars 1962) des moments difficiles . Le FLN tenait la cité voisine habitée par une population kabyle déplacée de force loin de son village de Takamra ; l’OAS multipliait les attentats et la maigre garnison dont disposait notre camarade était prise entre deux feux . Il dut mener des négociations risquées avec les représentants du FLN, pour éviter de part et d’autre toute effusion de sang . Il fit ce qu’il pouvait, avec courage et sang-froid, pour protéger la popu- lation, sans se faire trop d’illusions sur la nature humaine : « Les musulmans ont peur, découvrant, mais seulement aujourd’hui qu’ils en sont les victimes, la cruauté et l’ignominie du terrorisme aveugle . Ils n’étaient pas si scandalisés par les attentats du FLN » (lettre à ses parents du 30/01/1962) . Il fut rapatrié pour raison sanitaire en juin 1962 . Il y a quelques années, nostalgique de l’Algérie ou peut-être de sa jeunesse, il avait souhaité y retourner, mais il dut différer son pèlerinage pour d’évi- dentes raisons de sécurité . Pénétré de l’idée que la France, puissance coloniale, se devait de réparer le mal causé, il s’étonnait quand je lui disais avoir tourné la page . Cette exigence morale n’a pas été sans influer sur ses positions politiques et peut- être aussi sur son engagement, dans les cercles inspirés par J .-P . Chevènement, en faveur de la cause palestinienne .

Après un passage éclair au lycée de garçons d’Arras (octobre 1962-juin 1963), il fit partie, à la rentrée 1963, d’un bataillon fourni (heureuse époque !) d’assistants nommés à la Sorbonne dans toutes les disciplines, dont beaucoup devinrent ses amis, comme en littérature française M .-C . Dumas (1957 L), M . Autrand (1953 L), É .-A . Hubert, B . Sarrazin, en anglais J . Raimond (1955 l), en espagnol C . Esteban (1955 l), en latin F . Charpin, en grec A . Lebeau (1957 L) et moi-même . Il avait déposé un sujet de thèse pour le doctorat d’État : La création et la technique romanesques dans l’œuvre de Balzac de 1835 à 1842, avec pour directeur P .-G . Castex (1935 l) . La date de départ choisie pour l’étude correspond au moment où Balzac a eu l’idée du retour des personnages, invention majeure . Sa thèse complémentaire portait aussi sur Balzac : Les secrets de la princesse de Cadignan. Édition critique ; étude littéraire, sous la direction de R . Ricatte (1936 l) . La carrière de notre camarade se déroula sans encombre jusqu’aux années 1967-1968 . Sa participation active à la vie syndi- cale, dans la section Sorbonne du SNESup (qu’il représenta par exemple au Congrès national des 4-6 avril 1965), lui fit vite prendre conscience que les nuages qui s’accu- mulaient avec la réforme Fouchet ne seraient pas dissipés par la seule augmentation des moyens matériels exigée par la direction syndicale, à majorité communiste : une réforme profonde des méthodes de recherche et d’enseignement était indispensable ; les décisions ne devaient plus être prises par les seuls professeurs, sans participation de ceux qui formeront plus tard le « Collège B » et des étudiants . La publication dans Le Monde d’une tribune libre anonyme rédigée par un collectif dont il faisait partie provoqua un petit scandale dans le Landerneau sorbonnard ; elle fit une victime, un assistant en philosophie que l’enquête mandarinale avait débusqué : son contrat ne fut pas renouvelé . Cet épisode de contestation, somme toute mineur malgré son caractère prémonitoire, marqua notre camarade, puisque bien des années après il proposa dans une lettre au Monde la réparation de cette éviction .

André Lacaux était donc intellectuellement et moralement armé pour entrer directement dans le grand chambardement de Mai 68 . Ce fut pour lui un moment de bonheur . Il y vécut quelques épisodes pittoresques, comme un matin de juin près de l’usine Renault de Flins, où, venu avec d’autres en « casque blanc » et signalé aux CRS par un commerçant (« ce sont des syndicalistes ! arrêtez-les ! »), il se retrouva – pour un très bref séjour – derrière les barreaux, ou quand il entra dans une négociation difficile avec ceux qu’on appelait « les Katangais », pauvres diables mi-voyous mi-victimes qui prétendaient avec quelques fusils assurer la défense du centre Censier contre les forces du capitalisme . Là encore, il était resté fidèle à ses engagements . Pour les trente ans de Mai 68, il fit paraître dans L’Infini (tome 61) un texte où il s’interrogeait sur le lien entre cet évènement et la fondation à Paris-VII de l’UFR intitulée STD (Science des textes et documents) ; et, en 2020 encore, peu avant sa mort, il y consacra un très bel article dans les Carnets de l’EPSF (École de psychanalyse Sigmund Freud) .

La tourmente de Mai 68 avait abouti, sous l’autorité bonhomme et rusée du ministre Edgar Faure, à une réorganisation de l’Université ; la vénérable faculté des Lettres de la Sorbonne dut se scinder pour rejoindre différentes universités pluridis- ciplinaires . Lacaux tint le premier rôle dans la création de STD (devenue aujourd’hui LAC, Lettres, arts et cinéma) où l’on ambitionnait de décloisonner les études litté- raires et de prendre en compte, chose nouvelle dans l’enseignement, psychanalyse, linguistique, analyse des idéologies . Il sut, pour cela, s’appuyer sur A . Culioli (1944 l), fondateur du département de linguistique ; deux « mandarins » de la Sorbonne, P . Albouy et R . Ricatte (1936 l), acceptèrent de s’exiler dans cette nouvelle univer- sité, moins prestigieuse . De nombreux assistants se lancèrent dans l’aventure, dont M . Depussé (1956 L), J .-Y . Pouilloux (1961 l), M . Laugaa (1956 l), J .-M . Bellefroid, G . Benrekassa . Lors de la retraite de notre camarade, P . Pachet a bien mis en valeur le caractère décisif de son action : « Tu as dans ta vie réalisé quelque chose de très rare : tu as fondé une institution . »

Institution ! C’était peut-être trop pour Lacaux . Il prit assez vite ses distances, quand après l’effervescence du début l’UFR se normalisa : « L’UER [ ] se trouve maintenant enlisée, comme d’ailleurs l’université Paris-VII tout entière, dans une marginalité conformiste qui nous deviendra bientôt intolérable », écrit-il en juillet 1973 dans une lettre (à la fondatrice de l’École de Bonneuil, Maud Mannoni – le nom du destinataire manque), où il caresse le projet de création d’une école secondaire expérimentale . Son aura historique, ses initiatives répétées ainsi qu’un caractère parfois rugueux ne favorisaient plus guère l’unanimité autour de lui, si l’on en croit ce jugement de son collègue Michel Sandras : « Il formait, en compagnie de Marie Depussé et de Jean-Yves Pouilloux, un trio redoutable que beaucoup d’entre nous craignaient, et que certains détestaient . »

À STD, on était libre de choisir l’enseignement qu’on souhaitait assurer . Lacaux ne se préoccupa jamais de la préparation aux concours du Capès et de l’agrégation, il ne fut jamais membre d’un jury de recrutement ; il préféra enseigner à la marge (dans les prisons, ou pour l’accès à l’Université des non-bacheliers) et, à l’intérieur du cursus, il spécialisa fortement son enseignement . Sandras a suivi celui-ci comme étudiant : « Il faisait un cours intitulé Littérature et psychanalyse . Je crois qu’il a conservé ce cours jusqu’à la retraite, avec ce ton un peu distant et ses célèbres plages de silence qui irritèrent plus d’un étudiant . Mais aucun ne pouvait dire, après l’avoir écouté, ne rien avoir appris . » Enseignement qu’il continua en fait presque jusqu’à sa mort dans le cadre d’un séminaire réunissant des psychanalystes .

Complètement dépourvu d’ambition universitaire, comme d’ailleurs de vanité, il avait définitivement dit adieu à Balzac, remplacé comme objet d’étude par Bataille, Beckett, Blanchot, Genet, Leiris, Giraudoux et Sophocle (surtout pour son Philoctète) . Lors de sa dernière rencontre avec son directeur de thèse, ce dernier l’avait félicité : encore un effort de quelques pages, et l’avenir s’ouvrait radieux Notre camarade lui avait quasiment ri au nez : ce qu’il avait écrit, avait-il expliqué, n’avait aucun intérêt, comme tout ce que produisait l’Université : les véritables méthodes restaient à inventer Pied de nez pour signifier à Castex que la thèse si prometteuse sur Balzac ne verrait jamais le jour . Il se tourna alors vers la psychanalyse . D’abord simple auditeur du séminaire de Lacan, il commença en 1969 une analyse avec le maître . Resté fidèle après sa mort, il protesta en mai 1982 (en dépit de l’évidence ?) dans un entrefilet du Monde lorsqu’il lut que l’écoute de Lacan malade était de plus en plus rare : « Que, dans les derniers mois, le docteur Lacan ait été un homme souffrant, un homme mourant, cela était évident, et difficilement supportable . Mais qu’il ait su rester jusqu’au bout écoutant, c’est un fait, et un fait lui aussi difficile à supporter . » Il tira de ses propres cours la matière de nombreux articles, que son perfectionnisme l’empêcha souvent de publier, même après le verdict très favorable d’amis relecteurs compétents . Si la plupart sont restés en attente dans son ordina- teur, une vingtaine ont paru, dans des ouvrages universitaires collectifs ou dans des revues malheureusement assez confidentielles . Il songeait depuis un certain temps à recueillir ces contributions . On aimerait que ce projet puisse être repris .

Son immense culture se nourrissait aussi bien de ses lectures incessantes que de ses rencontres et correspondances avec ses amis . Sa curiosité du monde et des gens ne s’éteignait jamais . Il avait toujours son lot de questions à poser, de lectures à proposer, de conseils à prodiguer, mais toujours dans la sphère d’intérêt de son interlocuteur, car il était très discret, par pudeur sans doute, sur les questions qui l’occupaient . C’est autour de lui que la conversation s’organisait, et il savait se faire comprendre et apprécier même des gens simples .

En 2019, il était très fatigué . Son glaucome s’était aggravé, imposant à ce grand lecteur le recours à divers artifices . Hospitalisé pour une maladie au départ bénigne et entouré de la présence attentive de sa compagne Isabelle mais désireux d’en finir, il quitta ce monde sans trop de souffrances, du moins physiques .

Ci-dessous, Patrick Hochart fait de lui, me semble-t-il, une sorte de réincarnation de Socrate, un dénonciateur des impostures et des faux savoirs, « taon », comme disait Platon, de ses collègues, de ses amis, doté de la mission de les réveiller . Portrait criant de vérité . Mais derrière un « Lacaux » se révélait vite un « André », ami atten- tionné, délicat, fidèle, sur qui on pouvait compter dans les drames de l’existence, grand passeur de livres, d’idées et d’amitiés .

Jean MÉTAYER (1955 l)

***

Le lien d’André Lacaux à la psychanalyse a vivifié son existence et sa pensée .

L’analyse avec Lacan en a fondé la constance . Peu après, il a suivi depuis sa fondation les activités et le devenir de l’EPSF, issue du mouvement lacanien, où il comptait des amitiés fortes . Il y a animé un séminaire « Expérience littéraire et savoir analytique »,  où il a pu penser avec la psychanalyse son lien premier à la littérature . La revue Les Carnets de l’EPSF a publié plusieurs de ses articles . Ainsi, dans le n° 87 (sept .-oct . 2012) un article sur Jean Genet : « Fantasmagories et fantasmes dans le théâtre de Genet », et un article inspiré sur Mai 68 « La brèche des discours : poésie de Mai 68 » (n° 121, oct .-déc . 2020) .

Élisabeth Leypold, psychanalyste

***

Lacaux n’était rien moins qu’indulgent, mais plutôt, tel un cactus, toujours sur le qui-vive, prêt à en découdre et sans relâche à l’affût du moindre soupçon d’impos- ture . Non pas sur un mode braillard et polémique, mais de façon précautionneuse, parfois même doucereuse, toute résolue et incisive pour finir qu’elle fût . Délibérément incommode, méprisant tout confort intellectuel, il ne laissait rien passer et ne cessait de fustiger la facilité, non sans un grand flair pour la débusquer et une certaine délicatesse caustique dans la mise en cause . Au demeurant, ces perpétuelles incri- minations étaient toujours des offres de dialogue ou des invites à la confrontation .

Patrick HOCHART (1964 l)

***

Il se lançait dans la réflexion comme dans une aventure existentielle, l’écriture étant pour lui une tâche risquée où semblait se jouer chaque fois son propre destin . Je reste fasciné par la puissance sobre des pages qu’il a signées . Une pensée toujours en mouvement, exigeante, tendue à l’extrême, trouve pour s’exprimer des formules admirablement dominées qui font réfléchir et rêver . Qu’on relise seulement les dernières lignes de ses articles, comme la clausule de l’essai sur Georges Bataille lecteur de Beckett où il parle de « cet humour terrible – shakespearien ? – qui fait tenir ensemble la radicalité corrosive comique de son scepticisme, et sa poésie » . Soit dit en passant : notre ami avait sans aucun doute quelques ressemblances avec l’auteur de Molloy qui ne tenaient point seulement à la parenté de leurs silhouettes . L’« humour terrible » : oui, il l’avait parfois . La « radicalité corrosive » : souvent . L’attrait pour la poésie, secrètement entretenu : toujours .

Étienne-Alain HUBERT,
maître de conférences à Paris IV-Sorbonne

***

André avait à la fois esprit de finesse et esprit de géométrie . Son sens de la phrase latine allait de pair avec la rigueur méthodique mise en œuvre pour triompher de la phrase difficile . Je me sentais petit devant son enthousiasme pour les créations littéraires et cinématographiques contemporaines et la justesse pénétrante des impressions ou des analyses qu’il nous communiquait . J’étais convaincu qu’il serait écrivain . Une force noire l’inhiba .

L’alliance de son allure et de sa parole lui donnait un charme puissant devant les jeunes femmes qui l’attiraient . Pourtant, plusieurs fois, dans une jeunesse prolongée, il passa à côté de l’aurore d’un bel amour . Fils unique d’un père imposant, la défense ombrageuse de sa liberté était sans doute devenue un carcan, une tunique de Nessus .

Jacques LAUTMAN (1955 l)

***

Le dernier texte qu’André a adressé à quelques-uns d’entre nous, « Siffloter », est pour moi son testament : il dit « humblement » (c’est son mot) la solitude et l’effroi dont on se sort en émettant des sons rassurants et joyeux qui permettent, comme il dit, de « s’élever au-dessus de l’être » .

Humble envoi, mais fière affirmation d’une vaste culture littéraire, musicale (à l’écoute de Glenn Gould), cinématographique dont il ne s’est jamais prévalu devant nous et qui nourrissait sa présence au monde .

Attentif en silence, éclaireur en retrait, sarcastique dans l’inquiétude : son absence définitive perpétue ce que sa forte présence portait d’amour indicible, c’est-à-dire sans paroles inutiles .

Philippe BRAUNSTEIN (1955 l)