MASCART Henri - 1948 s

MASCART (Henri), né le 30 juillet 1928 à Ville-d’Avray (Seine-et-Oise), décédé le 20 décembre 2021 à Toulouse (Haute-Garonne). – Promotion de 1948 s.


Notre camarade, profondément attaché à l’École, avait souhaité pour sa notice un bref résumé de sa carrière, et il voulait que celle-ci fût l’occasion de rappeler ses parents normaliens disparus. Nous espérons que les lignes qui suivent répondront à ce double désir.

Le nom de Mascart est sans conteste le mieux représenté dans la communauté normalienne . Qui n’a pas rêvé, en feuilletant les notices des annuaires du xixe siècle, du jeune Éleuthère Mascart (1858 s) qui partait à pied de la ferme

familiale dans le Valenciennois dès l’âge de 8 ans, nanti d’une miche de pain pour la semaine, pour une marche d’une lieue et demie dans le froid et le petit matin du lundi, vers le collège de la sous-préfecture, et que le collège nourrissait de soupes toute la semaine, à une époque où l’internat était rudimentaire... pour terminer sa carrière au Collège de France, après avoir créé le Bureau central météorologique ? C’est encore aujourd’hui le meilleur exemple de l’ascenseur social que doit représenter l’éducation publique . Il fut en outre vice-président du Conseil supérieur de l’Instruction publique .

C’était l’arrière-grand-père de notre camarade . Il avait épousé la fille de Charles Briot (1838 s) qui enseigna l’astronomie et la mécanique à l’École, ainsi que la physique en Sorbonne .

Henri Mascart représente donc une cinquième génération de normaliens, car Jean, un fils d’Éleuthère Mascart, fut de la promotion 1891 s . Il a consacré une notice (en 2011, L’Archicube 9 bis) à ce grand-père qu’il a trop peu connu, qu’il situe cinquième parmi les sept enfants d’Éleuthère : c’était le plus doué aussi bien pour les sciences que pour les lettres ; mais il suivit la tradition familiale déjà bien établie en optant pour les sciences, et en préférant entrer à Ulm plutôt qu’à Polytechnique . D’après son petit-fils, on peut trouver une trace de sa personne dans les traits d’un collègue du savant Cosinus né de l’observation autant que de l’imagination de « Christophe », alias l’archicube Georges Collomb (1878 s) demeuré un ami de la famille .

Cette année 1891, trois cousins étaient simultanément élèves de la section des Sciences : Arthur Tresse (1888 s) achevait ses études que commençaient Henri Mascart et un autre cousin, André Durand .

Avant de passer aux promotions du xxe siècle il convient de citer son arrière grand- oncle, Pierre-Émile Duclaux (1859 s), chimiste, directeur de l’Institut Pasteur et vice-président de la Ligue des droits de l’Homme au moment de l’Affaire, ainsi que son fils Jacques (1895 s), membre de l’Académie des sciences, comme son père, mais biologiste : il épousa la fille de Paul Appell (1873 s), inventa le verre Triplex et devint un alerte centenaire (né en 1877, il décéda en 1978) . Sa notice par Jean Coulomb (1923 s) contient de nombreux détails sur sa famille proche, en particulier sur sa cousine Charlotte Mascart, épouse de Marcel Brillouin (1874 s) et mère de Léon Brillouin (1908 s), qui tous les deux enseignèrent la physique au Collège de France . Ce dernier était donc l’oncle d’Henri Mascart . Sa fille Paule, archicube, elle aussi (1945 S), enseigna les mathématiques au lycée de Saint-Jean de Maurienne, elle était donc la cousine d’Henri .

La première archicube de cet arbre est sa belle-mère . En effet il épousa Marie- Madeleine Delbouis (sévrienne scientifique, reçue la même année que lui), fille de Madeleine Chastanet (1916 S, l’une des six de cette promotion), devenue madame Delbouis par le mariage et qui se fixa à Cahors pour y enseigner les mathématiques . Ce fut le début de l’attirance vers l’Occitanie .

Puis des littéraires commencent à poindre dans cette lignée . Le cousin Émile Picard (1874 s) fut certes secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, mais il siégeait aussi à l’Académie française . Un autre cousin d’Éleuthère, également par les filles, Émile Borel (1889 s), de l’Académie des sciences lui aussi, tâta de la politique : il fut un moment au gouvernement (sous les deux ministères Painlevé en 1925, il détint le portefeuille de la Marine, et eut pour sous-secrétaire le père du cardinal Daniélou) . Il administra la ville de Saint-Affrique en Aveyron .

Henri Mascart, dès l’agrégation et la libération des obligations militaires, se fixa à Toulouse, y fit sa carrière à la faculté des sciences où il laissa des souvenirs d’un maître lumineux et proche de ses étudiants . Une fois l’heure de la retraite sonnée, il s’impliqua dans l’Académie locale de la Ville rose : elle couvre les sciences, certes, mais aussi les inscriptions et les belles-lettres : il en fut le secrétaire perpétuel, et ainsi il continua la lignée des Jeux floraux remontant à Clémence Isaure .

Il souhaitait rappeler que parmi ses décorations académiques, figurait l’ordre souverain de Malte dont il était officier du Mérite .

Le dernier des quinze normaliens mentionnés dans cette liste est Michel Rabaud, littéraire de la promotion 1966, arrière-petit-fils par sa grand-mère Éleuthère Mascart .

Patrice CAUDERLIER (1965 l)