PONSONNET Paul - 1943 s

PONSONNET (Paul), né le 26 février 1924 à Saint-Étienne (Loire), décédé le 10 juin 2019 à Lyon (Rhône). – Promotion de 1943 s.


Paul Ponsonnet a accompli une très longue carrière au lycée du Parc où il a enseigné la physique-chimie dans une des deux classes de Mathématiques spéciales A’ (ancêtre des M’ puis MP*), pendant quarante ans, de 1947 à 1987. Son père était directeur du personnel d’un grand atelier d’une usine textile stéphanoise.

Second d’une famille de quatre enfants, Paul Ponsonnet a commencé ses études au petit séminaire de Montbrison, puis au lycée technique Sainte-Barbe à Saint-Étienne.

Élève en classes préparatoires au lycée Claude-Fauriel à Saint-Étienne, il est reçu à « la rue d’Ulm » pendant la guerre, en 1943. Titulaire de l’agrégation de physique- chimie en 1947, il est nommé au lycée Ampère de Lyon où il ne reste que quelques mois. En effet, il est appelé en cours d’année dans la classe de Mathématiques spéciales A’ du lycée du Parc, succédant à André Moussa lui-même nommé à l’université (la faculté des Sciences, comme on disait à l’époque). Dans cette classe, Paul Ponsonnet formera des générations de taupins. Parmi eux, une ancienne élève, Marie-Françoise Marmonier (1979 S) et son mari Patrick qui m’ont adressé ce témoignage :

« Monsieur Ponsonnet était un professeur qui a marqué des générations d’élèves, et en particulier la nôtre, par ses qualités de pédagogue et par sa grande humanité. Il restera dans nos souvenirs un professeur de physique investi dans la recherche de réussite pour tous ses élèves. Grâce à lui, la physique devenait accessible au plus grand nombre. Il s’investissait aussi dans l’accompagnement de ses étudiants, notamment pendant les colles, où il profitait de la proximité avec les élèves pour leur distiller des conseils avisés et faire passer des messages personnalisés.

« Nous avions aussi le plaisir de le rencontrer à la sortie des écrits des concours ; il remontait le moral des candidats qui avaient des moments de faiblesse. Il restera donc pour nous un modèle de professeur. »

Nommée elle-même en 1989 professeur de physique-chimie au lycée du Parc, Marie-Françoise Marmonier aura ainsi l’occasion de retrouver son ancien professeur :

« Plus tard, nous avions le grand plaisir de le revoir au traditionnel « pot » de fin d’année du labo de physique, moment pendant lequel il prenait toujours des nouvelles de ses anciens étudiants. »

L’année de la nomination de Paul Ponsonnet au lycée du Parc, 1947, est aussi celle de son mariage avec Josette Fulchiron. De cette union sont nés trois enfants : une fille, Dominique, et deux garçons : Bernard et Roland. Paul Ponsonnet et son épouse ont pu célébrer leurs 70 ans de mariage en septembre 2017.

Pour les anciens taupins, le nom de Paul Ponsonnet est étroitement lié à celui d’André Moussa, non pas à cause du « passage de témoin » de l’un à l’autre, mais à cause de la grande quantité d’ouvrages destinés aux élèves des classes préparatoires que tous deux ont signés. Ces ouvrages, connus dans la France entière, ont tous été publiés chez l’éditeur lyonnais Desvigne, et le site de la BNF en recense 21 !

C’est avec ces ouvrages que j’ai moi-même travaillé en taupe à Paris à la fin des années 1960. J’étais conscient de la qualité de ces livres, de leur « solidité », mais je ne me doutais pas que j’allais, moins de dix ans plus tard, connaître Paul Ponsonnet ; je me doutais encore moins que j’allais être amené à travailler « en parallèle » avec lui pendant 13 ans (1974-1987). J’ai été très bien placé pour admirer sa rapidité intellec- tuelle et sa puissance de travail.

Paul Ponsonnet restait très simple, il n’y avait en lui aucune trace d’ostentation.

Ceci dit, nous n’avons jamais pu vraiment travailler « ensemble » ; je n’avais pas sa rapidité intellectuelle et il n’avait pas mon goût pour les questions « fondamen- tales » ressassées sans fin, ni ma manie de rédiger chaque étape d’un calcul en en mentionnant le fil conducteur. Au début de nos « vies parallèles », nous avons essayé d’échanger des solutions de problèmes, mais cela n’a pas duré. Paul Ponsonnet perdait moins de temps à résoudre lui-même le problème qu’à lire mon long bavardage. Ces différences ne nous empêchaient pas de très bien nous entendre. Dans le cadre de notre métier, nous échangions nos élèves pour les « colles ». Plus important encore, nous avons été reçus, de nombreuses fois mon épouse et moi, chez lui à Lyon, ou dans la maison de Saint-Genest-Malifaux que Paul Ponsonnet et sa femme avaient fait construire et où ils passaient l’essentiel de leurs vacances. Paul Ponsonnet, sa femme et leurs deux fils nous ont fait la surprise de venir nous rendre visite, un été, en Bretagne dans notre maison de famille, et nous en conservons un souvenir ému.

Après son départ en retraite, nous avons collaboré une fois, en 1998. J’avais préparé un problème pour un prix lyonnais, le « Prix Ampère », destiné aux élèves commen- çant leurs études supérieures. Le thème conducteur en était « les marées » sur la Terre et dans le système solaire. Paul Ponsonnet a bien voulu tester le problème – je ne lui en avait évidemment pas donné la solution. Il a fourni une solution impeccable, bien entendu, mais, ce qui m’a le plus touché, c’est l’avis accompagnant son envoi : « un joli problème ». Je ne l’avais jamais entendu faire un compliment aussi marqué. Bien sûr, j’ai conservé ce témoignage.

Son rôle au lycée du Parc ne se limita pas à l’enseignement. En 1974, et jusqu’à sa retraite, Paul Ponsonnet a assumé la charge de responsable des laboratoires de physique-chimie. Dans cette fonction délicate, il a été uniformément apprécié par les professeurs et par l’ensemble des personnels techniques, tant pour ses capacités professionnelles que pour ses qualités humaines.

L’exemple de son père et les valeurs dans lesquelles il a vécu y ont été certainement pour beaucoup.

Un autre aspect de cette carrière si riche, est le rôle de Paul Ponsonnet au sein de l’entreprise Solyvent, devenue Howden Solyvent-Ventec, spécialisée dans la concep- tion de ventilateurs industriels. Un de ses anciens condisciples du lycée Claude Fauriel de Saint-Étienne, Robert Molle, polytechnicien et directeur de Solyvent-Ventec, lui avait demandé de devenir conseiller scientifique de cette entreprise, dans le centre de Chalon-sur-Saône. Paul Ponsonnet a poursuivi cette activité jusqu’en 2001.

Mener de front une carrière d’enseignant et une collaboration au sein d’une entre- prise industrielle est assez rare ; c’est pourquoi il est intéressant d’insister un peu sur ce point.

Un ancien ingénieur de Solyvent-Ventec, Alain Godichon a bien voulu me donner quelques détails :

« J’ai commencé ma carrière d’ingénieur en septembre 1972. Je me souviens que lors de l’entretien de recrutement pour le poste d’ingénieur Recherche et Développement, nous étions une douzaine de candidats pour l’entretien final et le président de Solyvent-Ventec, monsieur Molle avait demandé durant la réunion si l’un d’entre nous avait été l’élève de monsieur Ponsonnet. Ce fait a-t-il facilité mon recrutement, puisque j’étais le seul ?

« À cette époque Paul Ponsonnet était déjà conseiller scientifique pour la société Soly vent-Ventec.
« Il avait déjà écrit un cours sur les ventilateurs (lois de fonctionnement, lois de similitude..) destiné aux ingénieurs. Ce cours est resté un document interne à la société (cours Ponsonnet).

« Paul Ponsonnet venait passer une journée par semaine (le lundi) chez Solyvent- Ventec pour prodiguer ses conseils dans l’équipe Recherche et Développement, notamment pour l’amélioration des performances et le développement de nouvelles gammes de ventilateurs. En dehors du temps passé le lundi, il réfléchissait beau- coup et travaillait sur les problèmes que nous lui soumettions. Souvent le mardi matin à la première heure, je recevais son appel téléphonique : il avait réfléchi durant la nuit. Il savait aussi poser les équations d’un modèle sur un problème technique particulier, en mécanique vibratoire par exemple.

« Paul Ponsonnet a publié chez Dunod en 1974 pour Solyvent-Ventec un livre unique : Bruit des ventilateurs et calcul acoustique des installations aérauliques. Il a beaucoup écrit et je conserve ses documents manuscrits avec le souhait de pouvoir compiler un jour ses écrits pour constituer un ouvrage spécifique en hommage à cet homme remarquable.

« Un peu plus tard, il sera également conseil pour la société REP dont monsieur Molle était le président à cette époque. Cette société concevait et fabriquait des presses à injecter le caoutchouc. Elle existe toujours, basée à Corbas.

« Outre le fait que nous ayons travaillé de longues années ensemble, nous sommes devenus amis. Nous déjeunions ensemble au restaurant Saint-Régis lors de ses visites hebdomadaires à Chalon-sur-Saône. Il affectionnait particulièrement ce lieu très calme (il n’aimait pas en changer et me le faisait comprendre par une petite remarque lorsque je choisissais un autre lieu). Durant le repas, nous échangions sur tous les sujets : il s’intéressait à ma vie familiale et nous commentions aussi les sujets d’actualité de la semaine. Mais les questions techniques sur lesquelles nous réfléchissions ensemble reprenaient bien vite le dessus. Nous avons eu ensuite l’occasion de nous rencontrer régulièrement avec son épouse et la mienne, et nous avons maintenu ces contacts après son départ de Solyvent-Ventec. Notre relation avec sa famille dure toujours. »Un souvenir anecdotique : l’un des ingénieurs m’a dit, comme en passant, que Paul Ponsonnet avait amusé ses enfants, à un repas en famille, en leur chantant la « Chanson des Canuts ». Les lyonnais apprécieront.

Paul Ponsonnet a vécu une longue retraite au milieu des siens. Il a conservé presque jusqu’au bout une grande vivacité intellectuelle. Il s’est éteint le 10 juin 2019, à 95 ans. Ses obsèques ont eu lieu dans sa paroisse, en l’église Notre-Dame Saint-Louis, dans le 7e arrondissement. Outre son épouse, ses enfants, sa famille et des amis fidèles, plusieurs anciens collègues du lycée du Parc étaient présents. Et, parmi eux, des représentants des personnels techniques du laboratoire. C’était un bel hommage, 31 ans après son départ à la retraite.

De telles personnalités ne s’oublient pas.
Je tiens à remercier M. Alain Godichon pour les renseignements qu’il m’a fournis 
sur l’activité de Paul Ponsonnet au sein de Solyvent-Ventec. Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à Mme Ponsonnet et à ses enfants pour la confiance qu’ils m’ont témoi- gnée en me confiant la rédaction de cette notice.

Jacques RENAULT (1967 s)