ROBICHEZ Anne (épouse GALICHON) - 1969 L

ROBICHEZ (Anne), épouse GALICHON, née le 11 mars 1950 à Versailles (Seine-et-Oise), décédée le 9 juin 2020 à Paris. – Promotion de 1969 L.


Anne Galichon (née Robichez) fit toutes ses études secondaires, également douée pour les lettres et pour les sciences, au lycée de jeunes filles de Versailles où elle remporta un deuxième accessit de philosophie au Concours général. Après une khâgne à Fénelon, entrée à Sèvres en 1969 (section Lettres classiques), après un mémoire de maîtrise sur Shakespeare, elle obtint brillamment l’agré- gation d’anglais, langue qu’elle enseigna à Rambouillet, puis au CES Beaumarchais à Paris. Elle prit ensuite un congé pour élever ses quatre enfants avant d’être nommée professeur de classes préparatoires au lycée Janson-de-Sailly, où elle exerça entre 1993 et 2003.

Ses élèves se rappellent ce professeur extraordinaire à l’enseignement si vivant. Passionnée de langue et de culture anglaises, elle n’avait pas son pareil pour préparer ses élèves aux concours. Nombre d’entre eux ont fait parvenir des témoignages de reconnaissance à sa famille. Pierre Brunel (1958 l), qui l’avait prise à ses côtés pour travailler aux Cours de civilisation française à la Sorbonne, qu’il dirigeait, nous a dit qu’elle y avait « laissé un souvenir inoubliable ». Il a bien voulu ajouter son témoignage.

Anne et Jean-Marie, son époux, avaient acquis une maison au bord de la mer, à Saint-Vaast-la-Hougue, où ils aimaient passer de longs séjours entourés de leur famille, enfants et nombreux petits-enfants, et où l’on était toujours chaudement reçu.

Sa foi catholique était profonde. Elle nous a quittés des suites d’un long cancer. Elle a attendu la mort avec courage et sérénité.

Guillaume ROBICHEZ (1967 1)
 

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J’ai d’abord eu la chance de connaître et d’apprécier Mme Anne Galichon comme chargée d’un précieux et nécessaire enseignement au sein des Cours de civilisation française de la Sorbonne. Son père, le professeur Jacques Robichez, qui les avait dirigés depuis 1979, m’avait confié sa succession en 1988. Venant de Lille, il était arrivé en 1965 comme professeur à la Sorbonne, où il était titulaire d’une chaire de littérature française du xxe siècle. Au même moment, j’y arrivais comme assistant de littérature comparée.

Après les événements de 1968 et mon élection comme professeur en juin 1970, nous nous étions retrouvés dans l’université de Paris-Sorbonne (Paris-IV) et sommes restés d’autant plus proches l’un et l’autre que nous résidions à Versailles ou près de Versailles, que j’ai suivi les études de son frère aîné, Guillaume, quand il préparait l’agrégation à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, puis quand il prépara et soutint sa thèse de doctorat.

Guillaume est normalien de la promotion 1967, Anne de la promotion 1969. Elle avait choisi la voie maternelle et, après de brillantes études, elle fut reçue à l’agré- gation d’anglais et fit une remarquable carrière de professeur en particulier au lycée Janson-de-Sailly, en classes préparatoires. Très tôt aussi j’eus la chance de la connaître lors de réception chez ses parents, à Paris, cette fois, où ils s’étaient installés rue de l’Université.

Quand je pris mes fonctions aux Cours de civilisation française, les étudiants de langue anglaise étaient de loin les plus nombreux et l’enseignement assuré par Anne, ses cours, centrés sur la littérature, les arts et la civilisation au sens le plus large du terme, étaient particulièrement appréciés. J’en fus directement témoin quand, à partir de la création de la Fondation Robert de Sorbon, due au recteur Jean-Louis Boursin (1958, comme moi, mais en sciences et plus particulièrement en mathéma- tiques), les enseignements des Cours de civilisation française de la Sorbonne furent regroupés dans l’ancienne maison des étudiantes, 214, boulevard Raspail. Et la salle où elle enseignait était proche de mon bureau, j’ai bénéficié de son expérience, de ses conseils, de sa présence et même assisté à certains de ses cours, aussi vivants que passionnants.

Le professeur Jacques Robichez était décédé le 21 octobre 1999, laissant une œuvre considérable. Sans être normalien lui-même, il avait consacré des ouvrages importants à des archicubes illustres, écrit un livre sur Romain Rolland (1886 l) et Lugné-Poe, ou encore un livre sur le théâtre de Jean Giraudoux (1903 l). Le jour même de sa mort avait paru la dernière de ses Chroniques, qui furent rassemblées dans un volume publié en 2002.

Je n’en avais pas eu connaissance mais Anne me l’offrit à l’issue de l’hommage qui fut rendu, à mon initiative, à son père en Sorbonne, pour le centenaire de sa naissance, en 2014. Mme Robichez était présente, ainsi que ses trois enfants et ses cinq petits-enfants. J’étais heureux de retrouver Guillaume et certains de ses anciens camarades de l’École, de faire la connaissance de son frère Bertrand, et de voir Anne entourée de son époux Jean-Marie Galichon et de leurs enfants, dont le grand écono- miste Alfred Galichon. Cette collaboration familiale à mon initiative universitaire fut un modèle, et j’y avais travaillé avec Anne dans une parfaite entente.

Les années suivantes furent attristées par la maladie d’Anne, contre laquelle elle lutta avec un courage admirable, soutenue par une foi profonde. Habitant l’un et l’autre le 16e arrondissement, j’étais accueilli chez elle, mais ma présence se fit de plus en plus discrète. J’avais quitté la direction des Cours en juin 2017. Elle-même avait dû renoncer à son enseignement mais elle avait tenu à faire don à la Fondation Robert de Sorbon de la toge de son père, fort utile pour les cérémonies solennelles.

Au mois de mai 2020, pendant la première période de confinement, je fréquentais assidûment l’église Notre-Dame-de-l’Assomption. J’y fis la connaissance d’un couple d’amis des Galichon qui m’apprirent qu’Anne était hospitalisée, en soins intensifs, mais qu’elle voulait m’offrir le volume d’hommage à sa mère, née Jeanne Gérard, auquel elle avait pieusement travaillé et qui permet de découvrir une jeunesse excep- tionnelle jusqu’à son mariage. Par eux, le livre me fut transmis avec une généreuse et fidèle dédicace de la main d’Anne. Je lui adressai immédiatement une lettre de remerciement. Mais c’est monsieur Galichon qui me répondit.

Anne était décédée le 9 juin.

Pierre BRUNEL (1958 l)